La doctrine de la réintégration des êtres : un ouvrage novateur !

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La doctrine de la réintégration des êtres

éd. La Pierre Philosophale, nov. 2012, 224 p.

A propos de l’analyse du site Philosophe Inconnu.com  

Si certains firent reproche à Jean-Marc Vivenza ces mois derniers, avec un sens discutable de l’objectivité et une très grosse dose de mauvaise foi, de constater l’évidente présence des thèses d’Origène chez Martinès de Pasqually, Saint-Martin et Willermoz, ce n’est pas le cas de Dominique Clairembault, animateur du site remarquable consacré au Philosophe Inconnu, qui, tout en soutenant et louant les analyses de Vivenza, regrette même que sa mise en lumière des idées origénistes n’ait pas été étendue à l’ensemble de l’ésotérisme chrétien : « On regrettera toutefois qu’il n’ait pas poussé plus avant sa réflexion en s’interrogeant sur la présence de l’origénisme chez des auteurs tels que Saint-Georges de Marsais, Jacob Boehme, Pierre Poiret, et bien d’autres penseurs de l’illuminisme, chez qui ces idées sont présentes à des degrés divers, et dont l’influence aurait pu parvenir jusqu’à Martinès de Pasqually et ses disciples. »

Voilà qui nous change, fort heureusement, de quelques discours critiques qui se firent entendre à l’annonce de l’ouvrage, sans même l’avoir lu parfois..!

L’axe de l’étude de Vivenza étant centré sur les trois figures majeures que sont Martinès de Pasqually, Louis-Claude de Saint-Martin et Jean-Baptiste Willermoz, il était normal que l’accent porte principalement sur eux et, comme le fait remarquer justement l’article consacré à La doctrine de la réintégration des êtres : « peu de chercheurs se sont interrogés sur la présence d’éléments rejetés par le christianisme officiel depuis plusieurs siècles dans les textes martinistes, que ce soient ceux de Martinès de Pasqually, de Louis-Claude de Saint-Martin ou de Jean-Baptiste Willermoz. »

C’est pourquoi la réflexion du livre se penche avec une attention plus soutenue sur les théories exposées par les tenants de la doctrine de la réintégration, et montre l’identité des grands thèmes de cette doctrine avec la pensée d’Origène (préexistence des âmes, incorporisation dans la matière, rejet de la chair, vision négative du composé matériel, anéantissement des choses visibles, etc.), identité correspondant aux concepts de base de la doctrine enseignée dans les voies initiatiques issues des trois personnalités fondatrices plus haut citées du XVIIIe siècle.

Ceci a une conséquence, comme le souligne justement Jean-Marc Vivenza : « l’adhésion à leur doctrine représente, non une option du point de vue initiatique lorsqu’on est membre de ses voies, mais relève d’un enseignement spirituel auquel il est nécessaire d’adhérer, faute de quoi on se met soi-même en dehors des critères d’appartenance des Ordres dont le rôle est de préserver les éléments doctrinaux établis par leurs fondateurs. »

C’est ce sur quoi revient  longuement Vivenza dans sa Préface, ayant constaté un éloignement inquiétant d’avec les fondements de la doctrine initiatique, chez quelques uns, heureusement peu représentatifs et participant de cas marginaux isolés, de ceux qui se prétendent membres des systèmes édifiés par Martinès ou Willermoz  :

« Les trois études que nous publions touchant à la doctrine de la matière telle que soutenue par Martinès, Saint-Martin et Willermoz, font apparaître des thèses audacieuses relevant du « mysticisme spéculatif », rendant évidentes des distances importantes avec l’enseignement des confessions chrétiennes, ce qui n’a rien de surprenant au regard des idées du courant illuministe qu’il nous faut considérer et admettre pour ce qu’il est, à savoir une voie initiatique extra ecclésiale possédant son originalité et ses sources propres.

Ces études ont pour but de susciter une certaine réaction et provoquer chez le lecteur, en quelque sorte, une interrogation salutaire en forme de choc, puisque qu’une tendance se manifeste de façon de plus en plus insistante, en l’écrivant et le faisant savoir, visant à récuser les positions de l’illuminisme et à les désigner comme des déviances théologiques et des hérésies dualistes.

Nous avons donc jugé qu‘il était temps de réagir en exposant les fondements théoriques de ces courants relatifs à la doctrine de la réintégration, avant que n’advienne une incompréhension générale en forme de rejet à l’égard de la doctrine initiatique que véhicule les structures issues de la pensée martinésienne. » [1]

Retenons la conclusion de Dominique Clairembault, qui correspond en effet à un sentiment largement partagé par les lecteurs de « La doctrine de la réintégration des êtres » de Jean-Marc Vivenza : « voici un ouvrage novateur, qui ouvre des perspectives intéressantes à ceux qui s’attachent à l’étude des textes de la tradition martiniste. »

Signalons que le livre, déjà épuisé, va faire l’objet d’une nouvelle édition revue et augmentée, à paraître prochainement aux éditions de la Pierre Philosophale.

Note.

1. La doctrine de la réintégration des êtres, La Pierre Philosophale, 2012.